Vous vendez des produits moches,  

C’est peut-être votre meilleur avantage marketing  

Vous n’êtes sûrement pas passés à côté de la tendance du « moche » dans les rayons d’hypermarchés. Créés pour lutter contre le gaspillage, ils favorisent le sens et tendent à nous faire prendre conscience que l’aspect physique d’un produit n’est finalement que secondaire. Et si vendre des produits moches devenait le meilleur moyen de différencier votre offre ?

Du moche, du vrai ?

Récemment, c’est le jambon qui a troqué sa robe rose pour un gris pâle en faveur de l’arrêt des nitrites qui détruisent nos sols et notre santé. En bref, nos produits n’hésitent plus à assumer leur vrai visage pour nous défendre, mais aussi protéger la planète. Au-delà de l’aspect purement Marketing, il y a dans le monde de la food un réel enjeu environnemental. Sur les quelque 40% de la production mondiale non consommée, une partie n’est même jamais mise en vente. En cause : des critères de « beauté » drastiques imposés par les grandes surfaces qui écartent des produits consommables du marché avant même qu’il n’ait atteint les rayons. Et si vendre des produits moches devenait le meilleur moyen de différencier votre offre ? En effet, si tout le monde se met à jeter ses produits moches, n’y a-t-il pas là une opportunité de faire différemment ?  

Et si je vous disais que dire que son produit est moche est devenu un véritable atout marketing ? Dans la grande distribution mais surtout dans la mode, le moche sait faire parler de lui et parfois mieux que le beau. Dans un monde où la mauvaise publicité n’existe pas, dévaloriser ses produits peut s’avérer être une stratégie payante. Dans sa dernière campagne « Ugly for a reason », Birkenstock explique en plusieurs vidéos « pourquoi ses chaussures sont moches ». Ils se justifient en affirmant que « les gens font souvent plus attention à leur physique qu’à leur confort ». Discours marketing ou pas, Birkenstock assume favoriser le sens au physique et s’inscrit donc dans la mouvance de la société actuelle.  

Faire l’apologie du moche pour le rendre tendance.  

Stratégie marketing inspirante, le luxe s’est aussi engouffré dans la brèche mais de manière plus subtile. Pas uniquement basées sur la stratégie des produits moches, les maisons de luxe sortent des produits volontairement provocants qui, à chaque fois, font parler d’elles. Une nouvelle catégorie a même fait son apparition dans la mode : les « ugly shoes ». Ces paires ont un seul objectif : faire l’apologie du moche pour le rendre tendance.  

C’est d’ailleurs une tendance qu’a récemment suivi une marque de luxe Française sans déclarer officiellement ses articles comme « moches ». En effet, Balenciaga a su défrayer la chronique en commercialisant des chaussures lacérées et usées jusqu’à la corde pour plus de 1700€. Ils se sont, sans surprise, attirés la foudre des internautes et des associations de défense envers les plus démunis, qui dénoncent une « fétichisation de la pauvreté ». Nul doute que leur objectif n’était ni de vendre les chaussures ni de mettre en lumière les inégalités sociales. Le seul et unique objectif de cette campagne était de créer un buzz qui ferait parler de la marque à l’international et même, hors des frontières de la mode. Le moche est aujourd’hui un ressort à buzz dont toutes les marques profitent (Lidl, Crocs, Ugg…). C’est une mission largement réussie pour Balenciaga puisqu’ils ont généré près de 5 millions de dollars en valeur d’impact médiatique (VIM) en seulement 48 heures (Launchmetrics). À titre de comparaison, leur annonce de la nomination de Kim Kardashian comme égérie avait recueilli l’équivalent de 2.4 millions de dollars en VIM, le tout en deux semaines.  

Le moche et le beau n’ont pas de réelles limites. Savoir jouer avec les concepts est une stratégie marketing qui marche puisque plus vous êtes détestés par certains, plus vous êtes aimés par les autres ! Alors, que vos produits soient délibérément moches ou pas, ne vous en débarrassez pas et profitez-en pour communiquer habillement. Vous tenez peut-être ici votre meilleur avantage comparatif.